NOTRE CONSTAT
Nous nous trouvons aujourd’hui face à des bouleversements écologiques majeurs. Depuis des décennies maintenant, les scientifiques nous alertent sur ce qui est sans doute le plus grand défi auquel l’espèce humaine a dû faire face. Même si des prises de conscience émergent un peu partout dans la société civile, il reste un immense fossé entre la réalité du dérèglement écologique et la faiblesse des mesures politiques mises en œuvre pour y répondre.
Le secteur de l’éducation n’échappe pas à ce constat. En effet, les priorités éducatives actuelles, dont les évolutions alimentent un climat d’apprentissage toujours inégalitaire et systématiquement concurrentiel, semblent plus enclines à reproduire un système productiviste à l’origine de la crise environnementale que de former de futur·e·s citoyen·ne·s capables d’appréhender les défis de l’urgence environementale.
Faire face aux enjeux actuels et viser ainsi un projet de société compatible avec les limites planétaires suppose de repenser l’éducation en termes de pratiques d’enseignement, mais aussi en tant qu’institution politique.
NOTRE VISION
Une éducation humaniste
Nous accordons à l’éducation des valeurs d’émancipation, d’autonomie, de responsabilité et de liberté. La mission de l’école devrait ainsi être de former de futur·e·s adultes lucides, indépendant·e·s et aptes à participer à la construction d’un projet politique réellement démocratique et égalitaire. Nous défendons une éducation humaniste qui vise le développement d’une citoyenneté terrestre (1).
Un curriculum adapté à l’urgence environnementale
Une étude récente a pointé les lacunes conceptuelles de nos élèves en matière de changements climatiques (2). Il en est probablement de même pour les autres équilibres écologiques (6e extinction de masse, cycle de l’azote, trous dans la couche d’ozone, etc.) et pour leurs conséquences sociales. Nous pensons qu’un renforcement des savoirs permettant de comprendre les grands enjeux du XXIe siècle, puis de décider et d’agir collectivement à la construction d’une société juste et durable est donc essentiel. Ainsi, il nous paraît urgent de repenser et de redéfinir les savoirs et compétences à enseigner tout au long du parcours scolaire. Une réflexion de fond sur l’organisation de ces savoirs dans les plans d’études, les grilles horaires et l’évaluation, ainsi que sur les modalités et les lieux d’apprentissage nous semble également indispensable.
Une formation solide des enseignantes et enseignants.
Adapter le curriculum aux enjeux du XXIe siècle aura des implications importantes sur la formation des enseignant·e·s. En effet, à l’heure actuelle, bon nombre d’enseignant.e.s «ne se sentent pas à l’aise pour aborder la thématique des changements climatiques ou certains des aspects de celle-ci, en raison d’un manque de connaissances scientifiques» (3). Elles et ils manquent également d’outils pour adapter leurs pratiques d’enseignement et accueillir les réactions des élèves face à des informations parfois bouleversantes. Nous pensons qu’il y a, par conséquent, une réelle nécessité de mieux former les enseignant.e.s à ces problématiques environnementales et sociétales (formation initiale et formation continue) et de les aider à mettre en place un cadre d’apprentissage bienveillant.
Un environnement d’apprentissage émancipateur, écologique et stimulant
Former des citoyen·ne·s lucides aptes à prendre part à la conversation démocratique, aux prises de décisions et à la transformation sociale implique que l’école offre la possibilité aux élèves d’expérimenter, de manière pratique, ce qu’est la participation au sein de leur établissement. Nous déplorons que l’enseignement actuel se déroule «hors sols», déconnecté du monde extérieur et des réalités environnementales. Un vaste chantier doit être entrepris pour repenser le cadre scolaire et les environnements d’apprentissage. Cela concerne autant les sorties scolaires (apprendre au contact du monde et dans le respect du vivant), que les bâtiments (isolation, sources d’énergie renouvelables, fournitures durables) et cours d’école (végétalisation) ou encore l’alimentation qui est proposée aux élèves.
NOTRE ORGANISATION
Notre collectif est ouvert à toutes et à tous les enseignant·e·s vaudois·e·s et s’engage pour une école véritablement démocratique orientée vers les grands enjeux sociaux et environnementaux actuels. Il agit comme un réseau d’enseignant·e·s partageant leurs idées, pratiques et expériences. Le collectif est à l’écoute des partenaires de l’éducation, et particulièrement des élèves. Chaque fois que cela est nécessaire et utile, il rejoint des groupes alliés pour lutter contre le dérèglement écologique. Constitué en groupes de travail et en assemblées ouvertes, il approfondit collectivement ces thématiques afin de faire entendre des propositions concrètes de changements et de les mettre en actes.
Le réseau s’exprime publiquement et librement par l’intermédiaire de ses membres sur les questions liées à l’éducation, à l’école, à ses finalités, à son organisation et aux transformations nécessaires à l’ère du nouveau régime environnemental.
1-Morin, E. (1999). Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur. Paris: UNESCO.
2-Hertig, P. (2018). Enseigner les questions liées aux changements climatiques : résultats d’une recherche exploratoire et développement de ressources didactiques. GeoAgenda, 3, 13-15. http://hdl.handle.net/20.500.12162/2510
3-Hertig, P. Op. Cit.